Le français, une langue pour s’enrichir…
Ils s’appellent Angelica, Kirk, Fabio et Ravi. Ils ont grandi en Colombie, en Turquie, au Brésil ou en Inde. Ils ont entre 25 et 50 ans, certains vivent au Québec depuis 4 ans, d’autres depuis 10 ou 40 ans, et tous travaillent depuis quelques années dans une dynamique petite entreprise de haute technologie dans le sympathique quartier Pointe-St-Charles de Montréal. Outre le fait d’être immigrants et de travailler dans la même entreprise, ces quatre personnes partagent, comme autre point commun, la même détermination à apprendre le français. Une langue dont ils ignoraient tout avant de débarquer au Québec et dont aujourd’hui, au terme de plusieurs sessions avec FBDM, ils parviennent petit à petit à maîtriser les subtilités.
Leur mérite est d’autant plus grand que dans leur entourage immédiat et dans leur vie quotidienne, on ne parle pas beaucoup le français. Que ce soit chez eux, avec leurs amis ou même dans les différentes places de magasinage, on parle plutôt espagnol, portugais, hindi, turc ou bien entendu, anglais. Alors heureusement, il reste encore le cadre du travail. Ici, plus tellement question de recourir à une langue d’un autre continent. L’anglais est évidemment beaucoup utilisé entre collègues ou avec les clients, par écrit ou oralement, mais le français demeure quand même la langue principale et pour participer aux conversations, il est clairement préférable de l’apprendre. En maîtrisant mieux le français, ils gagneront aussi le sentiment de mieux appartenir à la société québécoise et pourront mieux s’épanouir dans leur nouvelle vie.
En tant que formateur de français langue seconde pour FBDM, j’ai eu le grand plaisir de côtoyer Angelica, Kirk, Fabio et Ravi pendant neuf mois et j’ai eu le bonheur de les voir progresser au fil du temps. Les cours duraient chacun 150 minutes et se tenaient deux fois par semaine. Bien sûr, les apprenants ont eu l’immense bonheur de se perdre à nouveau dans les méandres des capricieux tableaux de conjugaisons, batifolant du conditionnel passé au subjonctif présent, mais au fil des mois, ils ont surtout amélioré leur compréhension orale ainsi que leur discours en pratiquant beaucoup l’art de la conversation. Il fut ainsi abondamment question d’actualité nationale et internationale avec en point d’orgue, les élections municipales 2013 et provinciales 2014. Il fut également question des jeux olympiques d’hiver à Sotchi et des grandes innovations technologiques de ces dernières décennies. Mais incontestablement, la place la plus large fut laissée aux beautés de notre langue française : de la littérature à la musique en passant par le cinéma et les différents accents de la Francophonie… parce qu’apprendre une langue, c’est avant tout découvrir une nouvelle culture.
Ainsi progressivement, semaine après semaine, les quatre apprenants découvraient ou redécouvraient de nouvelles facettes de leur nouveau monde et s’installaient plus confortablement dans cette société québécoise qui jadis les accueillit. Aujourd’hui, grâce à leur apprentissage et surtout grâce à leur persévérance, ils se retrouvent pleinement habilités à tenir une conversation soutenue avec leurs collègues de travail sur n’importe quel sujet d’ici ou d’ailleurs, d’hier ou d’aujourd’hui. Ils sont capables de participer à des réunions de travail en français et de comprendre les détails d’une communication officielle écrite ou orale. Ils se sentent mieux intégrés dans l’univers de leur entreprise et peuvent ainsi contribuer plus efficacement et plus harmonieusement à son développement.
Et, d’un point de vue plus personnel, toute cette bouillonnante dynamique contribue à leur donner plus confiance en eux. Forts de cette assurance, ils se sentent désormais plus à l’aise ici. Animés d’un vif esprit de curiosité et d’une belle culture internationale, Angelica, Kirk, Fabio et Ravi se retrouvent aujourd’hui tout simplement plus riches. Humainement plus riches.
Jean-Pierre Hellebaut | Formateur chez FBDM